Basse Vision en Pratique

Ipad et malvoyant

L’utilisation des nouvelles technologies par les patients malvoyants est un sujet sur lequel je pense nous reviendrons souvent. Aujourd’hui, je voudrais vous faire part de mes impressions personnelles sur l’Ipad d’Apple au travers des expériences de nos patients.

Early Adopters malvoyant

Dans mon environnement personnel, je suis entouré de spécialistes de la technologie, parfois « geek » jusqu’au bout des ongles. Pourtant, la première personne à m’avoir montré un Ipad était un patient malvoyant. Et je constate ce phénomène sur de nombreux nouveaux produits: Kindle d’Amazon, etc. Conclusion : ce que les « As » du marketing appelle les « early adopters » ne sont pas forcément la où on le pense. Et cela se comprend. Un Ipad offre en effet des perspectives très intéressantes pour compenser une partie le handicap visuel, en particulier pour les patients dont l’acuité visuelle est inférieure à 0.2. Ce sont justement ces patients qui ont des difficultés à lire avec une loupe optique ordinaire (suite à Basse Vision, DMLA, Glaucome ou Rétinopathie Diabétique).

Le premier point, le plus évident, concerne la lecture. Il est très pratique de pouvoir bénéficier d’un lecteur de texte permettant de changer la taille des caractères, et de zoomer de manière intuitive. Certes, le Multi-Touch demande une certaine habileté des doigts. Cela sera peut-être difficile pour un patient ayant perdu une partie de sa sensibilité tactile (cas des diabétiques, par exemple). Malgré tout, pouvoir zoomer comme on le veut sur texte et photo procure un confort très apprécié.

La mobilité est un autre avantage indéniable. Le patient malvoyant peut utiliser une solution de lecture n’importe où. Il n’est plus limité à un téléagrandisseur chez lui ou au bureau. Sur ce plan, l’ Ipad se rapproche d’une loupe électronique, encore que, à mon avis, les usages sont différents : l’ Ipad permet la lecture de texte numérique ou Web, la loupe électronique est adaptée aux textes écrits de la vie quotidienne (courrier, étiquette, notice, note, relevés bancaires, boutons, etc).

Le statut social est important. Un utilisateur d’Ipad malvoyant est avant tout un utilisateur de technologie. Le handicap n’est plus mis en avant. C’est un aspect que nous avions éprouvé avec les loupes électroniques qui ressemblent à un smart phone : il n’est plus choquant de voir une personne sortir sont smartphone au restaurant ou dans un supermarché.

Il demeure encore quelques limitations : les applications Ipad sont adaptées à la lecture de texte ou photo numérique. La lecture d’autres types de document externe est plus complexe, tout comme l’écriture. La navigation avec les icônes n’est pas encore totalement intuitive pour les personnes de plus de 80 ans souffrant de Dmla. Malgré tout, l’Ipad se répand. Son usage complète celui d’une loupe électronique pour les patients qui se connectent déjà à internet, et qui en tirent un bénéfice. Pour faciliter une manipulation fluide, le patient doit parfois s’équiper d’une paire de lunettes adaptées à la lecture de l’écran. Dans les mois qui viennent, des améliorations vont être apportés et vous seriez d’ores et déjà surpris de prendre connaissance de l’âge de certains patients utilisateurs (plus de 85 ans !).

N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences en commentaire de ce billet. D’autres solutions de lecture existe, comme le Kindle d’Amazon. Nous y reviendrons.

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